Lundi 18 janvier 2010, 17:20. Les bagages sont coincés dans l'espace libre entre les 6 couchettes de la cabine. Il fait nuit sur Göteborg.
17:30. Le train démarre. Une parenthèse s'ouvre.
Mardi 19 janvier 2010, 8:45. Le soleil se lève sur le grand blanc. La condensation sur la vitre a givré à l'intérieur de la cabine.
10:52, Boden : changement de train au milieu de nulle part.
11:30, quelque part en Suède : le train dépasse le Cercle Polaire.
Arrêt loin de tout
13:55 : arrivée à Kiruna, Laponie suédoise. Une montagne à l'arête déchiquetée domine la ville. Programme du jour : Traineau et moto-neige.
Les traineaux
Passage par la boutique des organisateurs de l'excursion pour enfiler une combinaison chaude par-dessus les couches de vêtements de ski que l'on porte déjà. Bottes, moufles et bonnet de fourrure complètent le tableau. Direction le camp de départ en minibus, sur des routes gelées et dans la nuit noire.
Les leaders de la meute
Les chiens aboient dans leurs enclos. Les pilotes les harnachent un par un à la corde : aussitôt attaché, aussitôt calmé. Chiens et hommes attendent, impatients. Passagers et pilotes s'installent, les chiens s'agitent. Le pilote lâche le frein ; un cri : l'équipage s'élance sous la voûte étoilée. La piste serpente dans la fôret, traverse une clairière, se termine sur un lac gelé. Pendant les quelques haltes, les chiens enfouissent leur museau dans la poudreuse pour se rafraîchir. C'est l'heure de la pause café, parce que sans pause café une excursion suédoise n'en serait pas une.
On se réchauffe...
Déguster un café brûlant, un sandwich et du coeur de renne séché autour d'un feu en forêt laponienne a un charme certain... Revigorés, direction les motoneiges pour le retour au camp. Plus bruyante mais (beaucoup) plus rapide, la balade fournit des sensations totalement différentes.
Mercredi 20 janvier, 14:00 : promenade dans Kiruna avant de descendre dans les mines de fer. La course du soleil ne s'arrête jamais, passant directement du lever au coucher (15:15 environ).
L'hôtel
Coucher de soleil
J'avais garé ma voiture par ici...La ville en elle-même n'a pas d'intérêt immense. L'élément le plus joli est l'église, dont les deux bâtiments sont faits totalement de bois.
L'église
Statues représentant divers sentiments : colère, joie, tristesse...
L'intérieur de l'église
15:00 : direction les mines. Si Kiruna existe, c'est grâce au gisement de fer de la montagne Kirunavaara. D'abord exploité à ciel ouvert -d'où la forme en terrasses-, il est aujourd'hui utilisé de façon souterraine. Le gisement est constitué par un unique filon, représentant le plus gros bloc de fer du monde ; les galeries courent sur 400km jusqu'à une profondeur de 1000m. Chaque nuit entre 1:00 et 2:00, de nouvelles sections sont dynamitées. Le son et les vibrations sont ressentis à plusieurs kilomètres à la ronde, y compris dans notre hôtel. Pas besoin d'ascenceur pour descendre : deux bus peuvent se croiser dans les galeries principales. Descente à -540m sans bouger du siège...
Vue sur le complexe minier
Galerie à -540m
Mais l'exploitation du gisement tout entier amène certains désagréments : d'ici 2013, l'ensemble de Kiruna va être déplacé de plusieurs kilomètres pour permettre l'extension des galeries.
Equipements lourds
Jeudi 21 janvier, 9:00. Un peu de ski de fond pour la forme. Un brouillard enveloppe Kiruna, avant de se lever vers midi.
Champion du monde !!12:30 : à la rencontre d'un Sami, alias un Lapon, peuplade originelle du Nord de la Suède. Les Sami vivent dans les plaine en hiver et se déplacent vers les montagnes en été, avec leurs troupeaux de rennes. L'élevage de ces bêtes représente leur unique activité et source de revenu, le tourisme restant marginal.
La chaîne montagneuse formant la frontière avec la Norvège
Hutte laponePause soupe et café dans la hutte, parce qu'une excursion suédoise sans pause café n'en serait pas une.
Toit de la hutte
Les rennes
La Lune surveille les enclos
Vendredi 22 janvier, 12:00. Il a fait très froid pendant la nuit, le paysage est couvert d'un manteau de givre.
12:30 : direction l'Hôtel de Glace par -13°C. Heureusement, on sera à l'intérieur : entre -5 et -8°C... L'expérience est époustouflante. La glace provient de la rivière Torne voisine dont l'eau gèle en mouvement ; c'est ce qui lui confère cette transparence magnifique. Les blocs de glace sont collectés en mars, lorsque l'épaisseur est optimale. Ils sont stockés pendant l'été dans un hangar réfrigéré à l'énergie solaire...
Entrée de l'hôtel
Banc dans l'Icebar L'hôtel comprend des Ice Rooms et Snow Rooms, toutes identiques, mais surtout des Art Suites. Chaque suite est décorée selon un thème différent par des artistes du monde entier et devient une véritable oeuvre d'art (vous pouvez décorer la vôtre si vos idées plaisent aux architectes de l'hôtel). Les architectes ne détruisent pas l'hôtel mais laissent la nature oeuvrer à l'approche de l'été.
Pièce "l'Age de Glace 3"
20:00 : promenade de nuit dans Kiruna. L'autre bâtiment célèbre est l'hôtel de ville. La bâtisse en elle-même n'a aucun charme, gros rectangle de briques posé dans la neige. Le clocher est plus original et ne laisse pas indifférent, tout en métal et rouages.
Samedi 23 janvier, 12:00. Les clefs de la chambre sont rendues. Départ de Kiruna sous un soleil éclatant, sans aucun nuage, par -16°C. Les visages sont engourdis par le froid, le trajet à pied vers la gare est fait à la hâte.
"T'as froid ?" "Bah, j'ai pas chaud..."
Eoliennes et sommets
La gare de Kiruna
13:30 : départ du train. Le grand blanc défile au-dehors. Neige, givre, glace. Le soleil couchant illumine le tout d'une chaude lumière orangée.
Dimanche 24 janvier, 9:30. Le train traverse des régions plus civilisées. Arrivée à Göteborg dans 1:30. Le réveil d'un téléphone sonne : "Ich bin Schnappy, das kleine krokodil..."
La parenthèse se referme.
